08/06/2010
Le pari pascalien
La situation de l'équipe de France à quelques jours de l'ouverture de la Coupe du Monde de Football est particulièrement intéressante.
Depuis de longs mois Raymond Domenech, le sélectionneur, je précise toujours pour nos amis Martiens lecteurs de ce blog et pas toujours au courant des spécificités de la vie en France, n'a pas réussi a composé une équipe de football digne de ce nom. Les résultats se répartissent entre passable et lamentable mais Raymond ne s'inquiète pas pour autant, il continue son petit bonhomme de chemin, s'en s'encombrer la tête avec ces aléas du sport. Sa ligne de conduite semble construite sur la méthode Coué, « J'y crois, j'y crois ! ». Pourquoi perdre son temps avec des calculs alambiqués et des stratégies mûrement réfléchies quand il suffit d'y croire. A chaque match il place des petits papiers avec le nom de ses joueurs dans un grand chapeau et de sa main d'innocent - l'euphémisme qui distingue le blog polémiste du blog objectif -, il en retire l'équipe du jour. Tel qui joue à gauche toute l'année dans son club, se retrouve à jouer à droite pour les Bleus ou vice-versa. Qu'à cela ne tienne, un bon joueur doit savoir jouer à n'importe quel poste.
De leur côté les supporters - ce magma mal identifié - qui se comptaient par millions en 1998 (surtout après la finale), se sont réduits à peau de chagrin aujourd'hui. Et du chagrin ils en ont les supporters des Bleus, chaque match apportant son lot de désillusions. Je ne reviens pas sur les qualifications qui ont anéanti la population footballistique de l'Hexagone. Après la main d'Henry tout le monde a dit pouce ! Les compteurs remis à zéro - non il n'y a pas d'astuce - les fans ont pensé que l'équipe allait repartir sur de nouvelles bases, un nouvel état d'esprit, d'ailleurs nos Bleus partaient en stage pour la cohésion du groupe et accessoirement trois matchs d'entraînement.
Là encore nous avons vu, ou plutôt nous n'avons rien vu. Poussifs et repoussés nos Bleus se sont ridiculisés, comme dans ces vieux films en noir et blanc avec Laurel & Hardy, quand un petit maigrichon agite ses petits poings fermés en provoquant un gros malabar pas aimable qui l'expédie hors du cadre d'une pichenette. Les vrais supporters, cette étrange engeance de fous furieux qui suivent les joueurs partout à travers le monde, doivent certainement commencer à se faire du mouron. Billets d'avion, logement et séjour en Afrique du Sud ça représente une somme et eux ne sont pas sponsorisés - ce qui représente une injustice finalement, car ils ont du mérite ! Courir au bout du monde pour se faire foutre de leur gueule, il faut oser.
Maintenant, si je me mets à leur place je suppose qu'ils ont adopté le même raisonnement que Raymond et qu'ils y croient contre toute logique. D'ailleurs c'est l'argument par excellence lors de toute compétition, « la logique sportive n'existe pas » sinon pourquoi un plus faible affronterait-il un plus fort, du moins sur le papier ? Donc, si contre toute vraisemblance nos Bleus faisaient un bon résultat en Afrique du Sud (adversaires anéantis par une chiasse locale ou décimés par un attentat ignoble, mais ne rêvons pas on ne vit pas dans le meilleur des mondes) ils prouveraient à la face de tous que dans l'adversité le coq Gaulois est toujours présent et Raymond n'aurait pas assez de mots pour se gargariser de ses détracteurs. A l'inverse si nous sommes éliminés assez rapidement nous pourrons suivre la fin de la compétition l'esprit serein, sans chauvinisme aucun, uniquement préoccupés par le beau jeu et les buts, aspects du football que nous avons perdu de vue depuis trop longtemps ici.
Vendredi l'équipe de France entre en scène, ça ne me coûtera rien (je suis resté chez moi, dans mon canapé) de les encourager. S'ils perdent je pourrai me flatter d'avoir fait le maximum pour eux, s'ils gagnent je pourrai me vanter d'avoir toujours crû en eux.
07:00 Publié dans Echos du monde | Tags : les bleus, raymond domenech, football, coupe du monde de football | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |